dimanche 4 janvier 2009

L'eau et le feu...Le lac Okeechobee et un incendie dans le quartier

Le lac Okeechobee est le deuxième plus grand lac appartenant en totalité aux USA (l'autre étant le lac Michigan). Pendant de nombreuses années, ses eaux et celles des rivières qui l'alimentent ont été pompées pour irriguer les champs d'orangers et de cannes à sucre de la région, qui est le plus gros producteur de sucre et d'agrumes des Etats-Unis. Comme sa profondeur maximale est de 3 mètres, il s'est asséché et a absorbé comme une éponge les eaux marécageuses saumâtres des Everglades, inutilisables pour l'irrigation puisqu'elles sont salées...Ainsi, après que l'on ait dépensé des millions de dollars pour dévier le cours des rivières, construire des barrages et créer des canaux d'irrigation, on a dépensé encore plus de millions pour "renverser la vapeur" et construire une digue tout autour du lac afin que les eaux de pluie le remplissent à nouveau... L'écologie venant toujours loin derrière l'économie, les industries de canne à sucre et les domaines agricoles n'ont pas pour autant cessé d'y déverser leur déchets.
Vue satellite du lac Okeechobee
Un éminent scientifique a décrit les nombreux et absurdes travaux mis en oeuvre par des ingénieurs totalement inconscients des conséquences tragiques de leurs projets comme "le plus grand désastre écologique de l'Amérique de ces dernières décennies". En 2000, sous la pression des associations de protection de la nature, une charte de restauration du lac à son état originel et de protection de l'environnement a enfin été signée. Mais ce que l'intervention humaine a stupidement détruit pour des raisons économiques ne se recrée pas d'un coup de baguette magique...
L'an dernier, profitant d'une extrême sécheresse, les autorités ont dragué le fond du lac pour le dépolluer de ses boues toxiques. Leur analyse a révélé des taux d'arsenic 4 fois plus élevés que la norme admise! Au cours de cette sécheresse, l'eau a tellement baissé que le fond du lac et ses matières organiques ont été mis à nu et ont pris feu... Puis en août, de fortes pluies ont ensuite fait monter le niveau de plus d'1m 50, modifiant brutalement l'écosystème et tuant des milliers de poissons et donc aussi les oiseaux qui s'en nourrissaient.
Pour notre part, tout ce que nous avons pu voir du lac est la digue herbeuse (encore fallait-il trouver, en venant de l'ouest, un endroit par où y accéder; on a tourniqué plus d'une heure!) et au-delà, un vaste marécage peu attrayant où l'eau moussait comme de la poudre à lessive... La nature est quand même coriace puisque le lac Okeechobee est infesté d'alligators: il est déconseillé de s'y tremper les pieds, même en eaux peu profondes. Ces reptiles apparemment lourdauds sont rapides comme l'éclair et bien des touristes naïfs leur ont laissé une jambe.
Nous sommes rentrés par le chemin des écoliers, à travers les immenses orangeraies parfumées et les champs de canne à sucre, nous arrêtant pour en goûter une. Pas de chance, elle n'est pas encore à maturité et n'a aucun goût... Pour les oranges, des panneaux prévenant le maraudeur de la sanction encourue pour violation de propriété et vol nous ont dissuadé d'en déguster une! Mais nous irons prochainement visiter une ferme d'agrumes où nous ne risquerons pas l'intervention des "cops" à côté desquels nos agents de police sont des modèles de délicatesse et de courtoisie...
Dans la rubrique faits divers, un événement a bouleversé la tranquillité du quartier. Il y a quelques jours, un homme a mis le feu à la maison appartenant à sa compagne puis s'est tiré une balle dans la tête. Et comme les maisons ont une structure en bois recouverte de plaques de placoplâtre, le feu s'est étendu très rapidement. Le temps que les pompiers arrivent, il ne restait pratiquement rien à sauver. Mais si l'homme était désespéré, il aimait les animaux: il a pris la précaution de faire sortir le chat avant de mettre le feu... La pauvre bête a été retrouvée au fond du jardin, enfumée et trempée par l'abondant arrosage par les pompiers.

Barbara a évoqué l'événement alors que nous promenions nos chiens. Pendant que je me mettais à la place de la femme et que j'imaginais l'impact émotionnel de l'événement, le deuil à faire, les sentiments de culpabilité lorsque le conjoint se donne la mort, les objets personnels et les souvenirs détruits, elle s'inquiétait de la situation financière: la maison était assurée contre l'incendie, mais lorsque le feu est mis intentionnellement, l'assurance ne verse évidemment pas un sou. Et l'assurance-vie du monsieur en faveur de sa compagne ne couvre pas les décès par suicide. C'est peut-être caricatural, mais on ne peut s'empêcher de penser que la mort est moins grave ici que le manque d'argent, d'autant que le journaliste, dans son article, précise bien que la maison valait 500'000 dollars mais n'évoque nulle part l'aspect humain ...






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