lundi 9 février 2009

En guise de conclusion

On ne revient pas d'un voyage ou d'un séjour à l'étranger tel que l'on est parti: notre perception de nous-mêmes et du monde change. Certaines aspérités de notre personnalité ont été depuis longtemps limées par notre mode de vie, notre culture, notre confrontation avec autrui. On croit bien connaître ses forces et ses faiblesses et l'on s'est, au fil des ans, aménagé une existence qui permet d'exploiter les premières et d'éviter - autant que faire se peut - que les secondes nous sautent au visage. Nous avons soigneusement inscrit, sur notre carte de géographie intérieure, nos autoroutes, nos sommets à gravir, nos marécages, nos impasses et nos havres de paix: nous voilà rassurés, nous pouvons avancer dans la vie bardés de certitudes...

Si les vacances permettent une incursion dans d'autres paysages, d'autres cultures, d'autres habitudes, elles sont trop courtes pour nous confronter à nos limites. Au contraire, on vise à ce qu'elles nous les fassent oublier, qu'elles nous extirpent des contraintes du quotidien pour nous offrir du rêve, du soleil, des découvertes, de l'exotisme (et nos photos démontrent à quel point notre regard est sélectif: combien de couchers de soleil sur la mer et combien d'égouts à ciel ouvert? Pourtant ce sont deux faces d'une même réalité). Qu'on le veuille ou non, les vacances font de nous des touristes qui glissent à la surface du monde.

Mais un séjour plus long (ne serait-ce que de 2 mois) change la donne. Durant les 2-3 premières semaines, nous avons vécu en touristes et tout ressemblait à une carte postale de la Floride: jolie maison avec piscine, palmiers, Everglades avec leurs alligators, plages de sable fin et supermarché où tout est à nos yeux surdimensionné. Le lait et le jus d'orange s'achètent par gallons (3,7 litres), la viande par emballages d'au moins 2 T-bones de 400 grammes chacun, les bières par packs de 12 et vivre sans véhicule est totalement impossible. Puis peu à peu, la carte postale pâlit et sous le vernis aux couleurs de paradis, la réalité se fait jour... L'humidité moisit tout, l'écoulement des toilettes est sous-dimensionné et si l'on utilise plus de 2 coupons de papier ça se bouche, de gros cafards se promènent la nuit dans la cuisine et mieux vaut ne rien omettre sur la liste des courses si l'on ne veut pas refaire 8 km pour retourner au magasin le plus proche.

Voilà nos habitudes et nos modes de fonctionnement tout chamboulés! On s'en amuse dans un premier temps, puis on s'irrite, on critique, on rejette. C'est comme dans les histoires d'amour... Les petits travers que nous trouvions touchants chez l'autre deviennent d'insupportables défauts, on n'avait vu que ce qui nous rassemblait et voilà qu'apparaît ce qui nous différencie. On n'est plus très sûr d'aimer...

Le secret, c'est de ne pas en rester là, mais de comprendre que c'est justement tout ce qui nous dérange (dé-range) qui nous fait évoluer et qu'il faut lâcher sa belle carte de géographie bien ordonnée car le paysage a changé. On entre en terre inconnue, nos points de repère sont obsolètes, il faut dessiner la carte d'une nouvelle réalité sans basculer d'un extrême à l'autre, en prenant un peu de recul et en gardant le sens de l'humour (et il y a des jours, c'est dur!).

Nous avons traversé ces étapes sur une courte période, avec la certitude que nous allions rentrer chez nous, mais ce séjour a aussi changé mon regard sur les immigrés: j'ai réalisé à quel point il est difficile de changer de langue, de culture, de mode de vie, d'habitudes alimentaires et bien souvent de profession, souvent pour le restant de ses jours. Je lève donc mon chapeau à ceux qui ont réussi ce parcours du combattant avec brio, en particulier nos amis Alina et Tavi, Dante et Pina, Yosch et Sarah, Kristel et Andrea, Santina, Carmen, Abdoulaye, William et Hussein (pardon à ceux que j'oublie)!

L'Amérique, tout comme nous, est à la fois complexe, touchante, pleine de contradictions, drôle, agaçante, bon enfant... On l'aime et on la déteste tour à tour selon qu'on assiste avec émotion à la journée inaugurale de Barack Obama, qu'on constate que l'on n'existe dans ce pays qu'en fonction des signes extérieurs de richesse, qu'on se voit confirmer que l'on peut partir de rien et tracer sa route avec succès, qu'on a les mains dans le caca jusqu'au coude ou que surgit une immédiate complicité devant les facéties de nos chiens à Dod Beach...

Bye bye and thank you, America!

P.S. Un grand merci à tous ceux qui m'ont encouragée et complimentée pour ce blog! Vos réactions, vos rires, vos indignations ont été mon carburant et j'ai eu beaucoup de plaisir à vous faire partager jour après jour ce que nous vivions... Vous avez aimé ce blog? Il fera prochainement l'objet d'un livre avec photos: si vous en souhaitez un exemplaire (qui coûtera une trentaine de francs), vous pouvez le commander par mail à l'adresse suivante:

blog.floride@gmail.com









jeudi 5 février 2009

Nouvelles péripéties

Notre séjour en Floride s'achève. Samedi soir, les valises sont prêtes, la dernière lessive faite, le pare-brise de la voiture rutile... Et dimanche nous prenons l'Interstate 75 en direction de Miami. Le vol est prévu pour 18 h 30, mais il a déjà une heure de retard. J'en profite pour aller voir Jill pour la remercier encore une fois en personne (c'est l'employée au service des bagages qui avait si gentiment décrotté et rassuré Joy à son arrivée de Zurich, où on avait oublié de la charger dans l'avion - cf début du blog)...Enfin, nous montons à bord de l'Airbus 340 Miami-Zurich, après nous être assurés que Joy est bien à bord. Mais une heure plus tard, le pilote annonce une panne du système électrique du train d'atterrissage; tout le monde redescend et reprend ses bagages. A 22 h 30, tous les passagers sont logés dans un hôtel proche de l'aéroport. Tous...sauf nous! Malgré des dizaines de téléphones, impossible de trouver une chambre dans un hôtel "pet-friendly" (qui accepte les animaux)! Va-t-on devoir bivouaquer dans l'aéroport avec 2 énormes valises, 2 bagages à main, 2 ordinateurs portables et l'immense cage de Joy?


Eh bien les anges existent et le nôtre est fidèle : c'est Jill! A minuit et demi, elle vient nous proposer de prendre Joy chez elle pour la nuit...

La cage est entreposée dans le bureau de Jill et Joy part, trônant fièrement sur le siège passager du pick-up truck de Jill. Nous allons pouvor passer la nuit (du moins ce qu'il en reste) à l'hôtel, mais devrons reprendre la chienne à 11 h 30 le lendemain pour nous envoler à 16 h 30.

La Floride est cependant bien déterminée à ne pas nous lâcher comme ça... A 15 h 30, on nous annonce que malheureusement notre vol est déjà complet vu l'annulation de la veille. Il faut revenir pour le check-in à 19 heures! Si vous voulez des infos sur l'aéroport de Miami et ses environs immédiats, vous ne trouverez pas de meilleurs guides que nous: nous connaissons tous les terminaux, les emplacements des ascenseurs et des WC, les boutiques, les restaurants, les kiosques à journaux, la couleur des sièges et des carrelages, les heures de grande affluence, les quelques mètres carrés d'herbe devant l'aéroport, le parking à ciel ouvert, le nom de toutes les compagnies de location de voiture dont les navettes passent par l'aéroport et le libellé en anglais et en espagnol de l'annonce par haut-parleur qui passe toutes les 5 minutes ("les emplacements de parking devant l'aéroport sont destinés uniquement au chargement et au déchargement des bagages. Pour des raisons de sécurité, tout véhicule sans conducteur sera immédiatement évacué")...On ne mourra pas idiots.
Fait chaud!

Et Joy a été vite repérée. C'est "Hi Joy" par ici, "Hello cutie, we'll miss you!" (salut mignonne, tu vas nous manquer!) par là, une vraie star qui sort son grand jeu de séductrice, frétillant du croupion avec frénésie et distribuant force léchouilles!

A 19 h enfin, c'est le check-in. Depuis quelques temps, les narcotrafiquants ont une nouvelle stratégie: cacher la drogue dans la cage ou les jouets des animaux, voire leur faire ingurgiter les boulettes de cocaïne. Joy subit donc un contrôle serré: un employé de la sécurité vide la cage et s'assure qu'elle ne comporte pas de double paroi, malaxe le coussin, pétrit longuement le raton-laveur et le canard en peluche, secoue les balles, puis enfile des gants et palpe la chienne du museau au bout de la queue (j'ai cru un instant qu'il allait lui faire un toucher rectal!). Elle frétille de ravissement sous ce qu'elle croit être d'affectueuses papouilles (c'est pas parce qu'il t'aime, bobette!)... On l'emmène pour l'embarquement, puis c'est notre tour d'aller faire la queue au contrôle de sécurité: petits flacons de démaquillant et de crème dans un sachet plastique, médicaments et brosse à dent dans un autre, ôter ceinture et chaussures, déposer dans un bac briquet, téléphone mobile, appareil photo, vestes et manteaux, déballer les ordinateurs, passer le portique de détection, se rechausser et tout ranger à nouveau dans le bagage à main: tout un boulot! Hélas, je n'ai apparemment pas une tête à transporter une substance illlégale et aucun bel homme en uniforme ne se décide à me palper, moi... c'est pas juste!

Pour compenser notre trop courte nuit et toute cette attente, le chef d'escale, avec qui, à force de séjourner dans le hall de l'aéroport, nous avons sympathisé, nous glisse d'un air complice qu'il nous a mis en classe business, mais chut...Nous voilà donc chouchoutés avec du champagne, un menu sublime et un très bon Bordeaux avant que nous nous installions confortablement pour la nuit: siège qui s'allonge jusqu'à quasi constituer un lit, oreiller et couverture douillets, menu à choix pour le petit-déjeuner, un luxe bien agréable et très apprécié!

A Zurich, le réveil est brutal: nous allons d'abord à la recherche de Joy et un employé nous glisse la cage à travers un portillon. Des parties de la cage sont cassées net, une roue a été arrachée, le ressort de la porte a sauté et il y a des morceaux de plastique coupants plein la cage... Nous vérifions immédiatement que Joy n'a pas été blessé ou ne s'est pas coupée, mais elle va bien. Elle est "seulement" très effrayée. Comment est-il possible que des chocs violents au point de briser une cage solide (avalisée par IATA, les normes les plus sévères en matière de transport animalier) aient pu se produire alors que la cage comportait partout des étiquettes spécifiant "LIVE ANIMAL, PLEASE HANDLE WITH CARE!". La seule explication plausible, c'est que la cage n'a pas été arrimée, qu'elle a brutalement glissé vers l'arrière au décollage et vers l'avant à l'atterrissage pour aller se fracasser contre les parois. Pauvre Titoune! Et dire que nous avions choisi SWISS pour que Joy soit transportée dans les meilleures conditions...
























jeudi 29 janvier 2009

Le Far-West version Cape Coral

Faute de cheval, l'aventure se déroule avec un vélo en guise de Jolly Jumper... mais on a Lucky Luke, Rantanplan et le plus cinglé des Dalton!
A 20 h, Lucky Luke (David) décide de se rendre au saloon (chez Hooters) avec Jolly Jumper (notre bicyclette) pour boire un thé froid, et surtout à mon avis reluquer une fois encore les jolies serveuses). A 22 h 30, on commence à s'inquiéter et je prends la voiture pour lui proposer de rentrer avec moi (vélo dans le coffre), car le Boulevard Del Prado - sur lequel débouche Savona Parkway, où nous habitons) est une artère à grande circulation et le vélo n'a pas de phare.

Le vélo a disparu! David, de crainte qu'on le vole, l'avait pourtant soigneusement dissimulé derrière un buisson près d'une maison... Après avoir bien cherché, voyant qu'il y a encore de la lumière dans la maison, on sonne. Un type ouvre brusquement la porte en pointant sur nous un pistolet chargé! Il nous dit que sonner chez les gens à la nuit tombée pourrait bien nous causer de sérieux ennuis... Nous tentons calmement de nous expliquer et de lui demander s'il n'aurait pas vu le vélo, mais le type n'abaisse toujours pas son flingue. Avant de quasi nous claquer la porte au nez, il nous lance: "Jusqu'au trottoir, c'est une propriété privée ici; si quelqu'un pénètre de nuit dans ma propriété, je tire. Et oui, j'ai trouvé un vélo et appelé les flics, ils sont venus le chercher. Téléphonez au poste".


Nous sommes rentrés - un rien choqués - retrouver notre Rantanplan ("quand est-ce qu'on mange?") et Barry est allé récupérer le vélo aujourd'hui, avec les excuses de la police...



mardi 27 janvier 2009

Egalité des chances? En théorie...

Tout commence à l'âge du jardin d'enfants et déjà là, la compétition est rude. Ceux qui en ont les moyens inscrivent leur enfant dès sa naissance (voire avant) dans une crèche bilingue où il ira dès ses 2 ans et où l'on développera ses facultés d'apprentissage. Pour l'école primaire, il y existe comme chez nous des écoles publiques (community school) et des écoles privées. Mais l'enseignement dans les écoles publiques n'est pas le même partout. Aucun enseignant ne souhaite travailler dans les écoles des quartiers "à problèmes" (comprenez les quartiers pauvres où vivent la plupart des Noirs et des Latinos): on y parachute donc d'office les enseignants débutants, qui feront des pieds et des mains pour être mutés dans une meilleure école le plus vite possible et s'investiront peu.
Il n'existe pas d'apprentissage comme on l'entend chez nous: on peut apprendre un métier (commerce, ingénierie, agronomie etc) au "college", les cours n'étant évidemment pas gratuits. Si l'on a eu de très bons résultats scolaires, il est possible d'obtenir une bourse mais avec la crise actuelle, les coupes budgétaires sont inévitables (et déjà annoncées par le Cape Coral Breeze dans son dernier numéro).
Les jeunes dont les parents n'ont que de modestes moyens et qui ont fait une scolarité moyenne doivent donc se débrouiller pour trouver un travail où ils seront formés sur le tas et mal payés (salaire minimal: 6 dollars l'heure). Il n'est dès lors pas surprenant que certains optent pour la délinquance, sachant que le trafic de drogue, par exemple, leur rapportera des sommes énormes très rapidement et qu'ils ne seront jamais au chômage... Dans ces quartiers, les gangs font la loi. En faire partie donne une identité, un sentiment d'appartenance, la solidarité et l'entraide y existent: là, ils peuvent gravir les échelons de la hiérarchie et devenir quelqu'un alors qu'à l'extérieur, ils ne sont personne dans une société où ce qu'on a compte bien plus que ce qu'on est. Bien sûr, il feront plus d'un séjour en prison, mais c'est un sujet de fierté, un rite de passage qui confère un certain prestige.

Les élèves les plus brillants et les plus tenaces auront accès à l'université, mais là aussi, le système est particulier, puisqu'on trouve des universités publiques et privées. Il existe un classement des meilleures (dont font partie Harvard et Yale) et les parents s'endettent souvent à vie pour que leurs enfants y étudient. Comptez quelque 22'000 dollars par an, logement et nourriture non inclus, ceci pendant 4-6 ans. Le salaire moyen étant de 35'000 dollars, le calcul est vite fait: seuls les familles aisées peuvent financer (à crédit) des études dans les meilleurs universités. Il y a cependant une astuce si vous êtes fauché, mais sportif de haut niveau: vous pourrez obtenir une bourse sport/études dans certaines universités. Et que se passe-t-il si vous êtes milliardaire mais que votre rejeton ne brille pas par son intelligence? Ne le répétez pas, mais un don de quelques millions de dollars à l'université (sous forme d'un fonds spécial ou d'une bourse qui portera votre nom) peut arranger bien des choses, d'autant que vos moyens permettent à votre petit de prendre tout son temps pour arriver au diplôme rêvé.

Et même si le gouvernement a fait des efforts (dont la discrimination positive, un train de mesures favorisant certains groupes qui ont subi des discriminations systématiques du fait de leur sexe ou de leur origine ethnique) pour donner de meilleures perspectives moins favorisés, le système capitaliste poussé à son paroxysme tel qu'il existe aux USA laisse bien des jeunes sur le bord du chemin.

Pour terminer sur une note plus optimiste, il faut aussi mentionner que les States restent un pays où tout est possible, avec beaucoup de travail et de détermination. Le "miracle américain" existe encore. J'en veux pour exemple le plombier qui est venu réparer notre chasse d'eau. Il a émigré aux USA il y a 19 ans et a commencé comme simple ouvrier dans une grosse entreprise sanitaire. Après quelques années, il s'est mis à son compte et a offert ses services à des agences immobilières pour contrôler et réparer la plomberie des maisons en vente. Puis un jour, on lui a demandé s'il savait poser du carrelage. Il ne l'avait jamais fait, mais il n'a pas hésité à dire "oui" et s'est lancé avec les conseils d'un copain. De fil en aiguille, il a appris à faire de tout, de la pose de la moquette à celle du papier peint, de la maçonnerie à l'électricité. Aujourd'hui, il ne parvient pas à répondre à la demande; il est fier de dire qu'il va skier chaque hiver en Autriche et qu'il conduit une voiture à 100'000 dollars totalement payée. Mais il avoue aussi que les métiers manuels sont mal considérés et que les agents immobiliers pour lesquels il travaille n'ont de respect pour lui qu'à partir du jour où ils l'ont vu au volant de sa belle voiture...

lundi 26 janvier 2009

(Bref) plongeon dans la "culture" américaine

Quand il fait chaud et que le travail est achevé, il est facile de trouver des activités (ou des inactivités...) agréables: promenades à vélo, parties d'échecs/dames/abalone/rummikub près de la piscine entre deux trempettes ou après-midi à Dog Beach. Mais que faire quand il fait froid, que le vent du nord souffle et que David et Michaël tournent en rond? Allez, ce n'est pas si difficile... Un verre chez Hooters et une partie de bowling!



Hooters est quasi une institution aux USA. Il s'agit d'une chaîne de 122 bars-restaurants existant depuis 1983, avec pour concept de base une atmosphère de plage et de détente, avec de la musique "oldies", plusieurs écrans TV montrant les matches de footbal américain, de basket ou de baseball, et des menus comportant pattes de crabes frites, beignets de crevettes, ailerons de poulet épicés, "onion rings" (rondelles d'oignons frites, j'adore ça) ainsi que divers sandwiches et salades. L'élément distinctif de Hooters, ce sont ses serveuses très sexy... Leur uniforme consiste en un petit short orange et un T-shirt plutôt moulant portant le logo de la chaîne. Les critères de sélection sont stricts, ce qui a d'ailleurs mené à des plaintes juridiques, car Hooters n'emploie de femmes rondes ou plus âgées et d'hommes qu'en cuisine. Des concours et des shows Hooters sont organisés dans tous le pays: on élit la "Miss Hooters du mois" et on s'arrache le calendrier des plus belles serveuses Hooters. Pour en savoir (et en voir) plus: http://www.hooters.com/
Après que les yeux de ces messieurs sont rentrés dans leurs orbites (...), nous sommes allés faire un bowling. Une grande première pour moi! Ma technique est bien sûr loin d'être élégante, mais j'ai réussi quelques "strikes" sous les yeux ronds d'étonnement de David et Michaël, que j'ai alors traités de "freluquets parlant beaucoup mais faisant peu leurs preuves". Du coup, piqués au vif, ils m'ont donnée une sacrée leçon de modestie...








dimanche 25 janvier 2009

La rubrique faits divers de la semaine

Un enfant de 4 ans s'empare du pistolet que son père n'a pas mis sous clé et, "pour jouer", tire sur son frère de 6 ans et le tue... Le pistolet était chargé et la sécurité n'était pas enclenchée. La police de Cape Coral vient d'organiser une journée (gratuite) de cours de sensibilisation destinée à tous les détenteurs d'armes de la région. On recommande aussi aux pères de famille de montrer à leurs enfants comment vérifier, s'ils venaient à l'avoir en main, que l'arme n'est pas chargée et que la sécurité est mise.

Quelques jours plus tard, un garçon de 8 ans met efficacement en oeuvre ce qu'il a appris, mais pas dans le sens prévu... Ses parents sont divorcés, sa mère vit dans un autre état. L'enfant vit avec son père et sa belle-mère qui sanctionnent la moindre bêtise par une fessée. L'enfant les compte et décide qu'il les supportera jusqu'à la millième. Lorsque la 1001e fessée menace, il prend l'arme de son père, la charge, enlève la sécurité et vise. Le père meurt sur le coup.

Un petit échantillon de ce qu'on peut quasi librement se procurer...
La loi américaine sur les armes à feu

Achat et possession: aucun permis n'est exigé pour l'achat ou la possession d'un fusil ou d'un pistolet. Ne sont toutefois pas autorisés à acheter ou à détenir une arme à feu les délinquants déchus de leurs droits civiques, les toxicomanes, les alcooliques, les malades mentaux.

Il est interdit de vendre, donner ou prêter une arme autre qu'un couteau de poche à un mineur de moins de 18 ans sans l'autorisation de ses parents (!!) ou à toute personne qui manifeste des intentions violentes.



Un mineur de moins de 18 ans n'a pas le droit de détenir une arme à feu à son domicile à moins qu'il exerce une profession dans le domaine de la défense de l'ordre (police, armée, garde du corps, surveillant de prison etc.). Exceptions: armuriers, fabricants d'armes, importateurs, collectionneurs, défenseurs de l'ordre, officiers de probation.

Il est illégal d'avoir sur soi une arme à feu sans permis de port d'arme.
Exceptions:

  • Personnes détenant une arme à feu en tant que protection à leur domicile ou à leur poste de travail
  • Membres de clubs de tir (autorisation pour les trajets au/du club)
  • Membres de clubs de collectionneurs d'armes à feu anciennes ou modernes (pour les trajets aux/des exposition).
  • Personnes qui s'adonnent à la pêche, au camping ou à la chasse lorsqu'ils exercent ces activités
  • Personnes voyageant par un moyen de transport privé ou public pour autant que l'arme soit sécurisée et que son détenteur ne l'ait pas en main.
  • Personnes transportant une arme non chargée, sécurisée et emballée, du magasin à leur domicile et/ou au lieu de réparation de l'arme et retour.
  • Personnes dont le métier est de fabriquer, réparer ou faire le commerce d'armes.
Il est légal de posséder une arme à feu sans licence pour sa défense personnelle dans son véhicule pour autant que l'arme soit sécurisée et ne soit pas accessible pour un usage immédiat.


Ce bref extrait des lois - avec un nombre d'exceptions qui les diluent totalement - démontre bien à quel point il est facile de se promener avec une arme à feu. Il suffit d'avoir 18 ans, un casier judiciaire vierge et de faire du camping... Les armes à feu sont devenues un tel fléau que dans plusieurs grandes villes, des mères qui ont perdu un enfant victime d'une arme à feu ont créé "Mothers against arms", une association qui lutte pour que la loi change; de leur côté, les pères ont créé MAD-DADS (MAD= men against destruction). Mais ces organismes peinent à faire le poids contre la très puissante "National Rifle Association" (plus de 4 millions de membres) qui fait du lobbying en faveur des armes à feu et défend une interprétation large du 2e amendement de la Constitution (« Une milice bien organisée étant nécessaire à la sécurité d'un État libre, il ne pourra être porté atteinte au droit du peuple de détenir et de porter des armes». Elle fut présidée par Charlton Heston. Elle défend le libre commerce des armes à feu, l'entraînement à la survie, aux compétences de tirs, et aux sports de tirs. Elle définit la possession d'armes comme un droit civil protégé par le Bill of Rights.

Le nombre d'armes à feu aux USA augmente de quelque 4 millions par année! Avec, en plus, toutes les armes d'occasion revendues sous le manteau. On estime qu'aux USA, 270 millions d'armes sont entre les mains de civils! Toutefois, même si le nombre de décès par arme à feu reste impressionnant (30'000 chaque année), il a diminué depuis une dizaine d'années: les lois contre la criminalité se sont fortement durcies dans presque tous les états (prison à vie ou condamnation à mort pour les meurtres au premier degré), les accidents sont moins nombreux grâce à une meilleure instruction et à la sensibilisation des détenteurs d'armes, les campagnes des organismes anti-armes commencent à porter leurs fruits.


A mon sens, outre le droit pour chacun de détenir une arme, le fait que ce pays vive dans un système à 2 vitesses joue un rôle énorme dans la criminalité. Riches et pauvres vivent dans leur ghettos respectifs, l'aide sociale et les prestations de chômage sont dérisoires et déjà lors de la scolarisation, le clivage social est net. Je vous en toucherai un mot dans mon prochain message.

samedi 24 janvier 2009

Les Keys - Key West

La Floride ne meurt pas à Florida City ou Homestead. Comme une phrase qui laisserait galoper l'imaginaire, elle s'achève par des points de suspension: les Keys. Près d'un millier d'îles et d'îlots, parfois de quelques mètres carrés seulement, une route reliant le continent à l'île la plus au sud et bien sûr nombre de ponts, dont le fameux 7 Miles Bridge. Nous passons la nuit au motel "Gilbert's Resort" à Key Largo. Une chambre à 2 grands lits, sommaire mais proprette, une petite terrasse de bois délavé un rien branlante qui donne sur le dock, une table du même bois et 2 fauteuils en plastique qui ont connu des jours meilleurs.

Ce pourrait être un décor à vous donner le blues, mais ça a le charme attendrissant de ces vieilles dames qui évoquent leur beauté d'antan d'un air encore coquin... Quelques pas le long du dock, voilà le Tiki's bar: quelques paillottes sous les palmiers, une serveuse sympatiquement vulgaire, un groupe qui joue des airs des années 70, quelques Américains entre deux âges au ventre proéminent qui sirotent leur Budweiser accoudés au bar, un couple un peu éméché qui tente de danser, c'est l'Amérique populaire et bon enfant...
L'endroit ne figure pas dans le guides et il est difficile à trouver, puisque la route a été détruite par le dernier ouragan et qu'il faut faire un détour pour y arriver. Nous sommes les seuls touristes. Au menu, rien de sophistiqué: crevettes ou poisson du coin, "rack of barbecue ribs" et/ou frites. Un régal.


Le lendemain, après encore 2 heures de route, un panneau annonce "Key West". Et la route bute sur un mur hérissé de drapeaux. De quel côté tourner ? Aucune importance, vous êtes au bout du monde. Après, il n'y a plus que la mer... et Cuba, à 90 km à peine. Par la droite ou par la gauche, vous arriverez au Key West des touristes, percé par Duval Street avec ses restaurants ou boutiques kitsch au coude à coude, son air de vacances perpétuelles, son petit train sur pneus qui sert de bus, ses vélos à louer. La musique sort de toutes les fenêtres, de
toutes les vitrines.
Les vêtements...c'est pour les chiens!





Mais prenez une rue adjacente et vous changez d'univers: vous longez des maisons coloniales bichonnées aux jardins luxuriants,















puis vous débouchez d'un coup sur les coulisses: sur une petite place, des SDF ronflent pendant qu'un autre, assis sur un kayak, tresse des bols et des chapeaux en feuilles de palmiers.


Il y a 200 ans, Key West n'est qu'une île infestée de moustiques sur laquelle vivent quelques pêcheurs. Mais certains se mettent au commerce du sel, une denrée indispensable à l'époque pour la conservation des aliments. Et les eaux du port, relativement profondes, font aussi de Key West une escale idéale et presque obligatoire sur la route des "West Indies" (les Caraïbes). Toutefois, les récifs qui entourent l'île allaient générer un commerce autrement plus lucratif que les taxes portuaires: un coup de vent, une manoeuvre un rien imprécise, et les cargos font naufrage quasi devant votre porte. Il vous suffit de vous asseoir et d'attendre, puis d'aller récupérer les marchandises encore utilisables pour les vendre. La technologie aidant, les navires deviennent plus solides et les instruments de navigation plus perfectionnés: les épaves ne suffisent plus à nourrir leur homme. Key West se lançe dans le commerce de l'éponge puis, avec l'arrivée d'émigrés cubains chassés par la guerre d'indépendance (qui dura 10 ans), dans la fabrication de cigares. Mais cette industrie périclite avec l'arrivée sur le marché de la cigarette. Le boom des années 20 permet de développer le tourisme, mais pas pour longtemps. Voilà la Grande Dépression des années 30,et Key West se déclare en faillite; ses usines ferment, ses habitants partent, ses maisons se vident. Nouveau rebondissement 15 ans plus tard avec "l'or rose" - une nouvelle variété de crevettes très savoureuses. Puis à la fin des années 60, de nombreux hippies un peu artistes, un peu idéalistes et très embrumés par le haschisch et le LSD s'y installent. Ils y sont encore. Peut-être s'adonnent-ils encore à une petite fumette occasionnelle, et leur idéaux n'ont pas changé...
Ernest Hemingway, à qui son ami Dos Passos en a longuement parlé, s'arrête à Key West avec sa jeune épouse à son retour de Paris et tombe amoureux de l'île: "C'est comme vivre à l'autre bout du monde tout en étant sur le dernier orteil de l'Amérique". Il y achète une maison, prend des poissons et pas mal de cuites, que les anciens évoquent avec une nostalgie vaguement coupable. C'est qu'Hemingway est devenu le phare de la ville, et les messieurs raffinés qui vous font visiter sa maison n'évoquent que son génie, gommant ses folies.

Le bar favori d'Hemingway, devenu un piège à touristes...